LA CHUTE DE VULKOVAR
D'un commun accord nous décidons de partir sur Split pas vraiment ce qui était prévu au départ. Mais nous sommes responsables de Zelma.
Nous prenons la route, nous suivons la mer Adriatique. Le voyage est long. Nous suivons les lignes de front. Nous roulons doucement, le trajet parait très long, Nous nous faisons arrêter tous les 20 à 30 Kms à chaque fois nous devons donner quelques Kuna.
Zelma nous décrit Split une jolie ville, son père y est pêcheur, sa mère reste à la maison. Elle a fait des études d'infirmière, mais n'a pu trouver qu'un emploi à l'hôpital de Zadar. Un grand et beau hôpital avant le conflit elle était heureuse. Zadar était une belle ville pleine de vie. Elle revenait une fois par mois à Split voir sa famille et son fiancé ils devaient se marier. Mais tout cela est terminé, pour le moment, l'avenir elle ne sait pas.
Nous croisons au fil des villes que nous traversons une population très digne. Que ce soit des Serbes ou des Croates, ils ont l'air de ne pas bien comprendre ce qui se passe. L'arrivée à Split se fait en pleine nuit, nous dormons chez les parents de Zelma. Elle est contente. Elle nous dit qu'elle est rassurée, nous dit qu'elle voudrait partir avec sa famille le temps que tout ce calme ici. Paris elle en rêve.
Nous même nous n'avons qu'une autorisation de séjour de 8 jours, et le temps passe vite.
Le lendemain matin nous laissons Zelma et sa famille derrière nous, c'est dur de les laisser là. Nous repartons en sens inverse retour vers Zadar, là toujours l'horreur, il nous reste peu de jours pour rejoindre Vulkovar. Nous cherchons un moyen pour nous y rendre. Nous ne trouvons rien, sauf un vieux bus sera notre seul moyen de repartir. Nous laissons une fortune au conducteur qui accepte de nous y amener. Nous arrivons sur un terrain en pleine campagne j'ai cru notre dernière heure arrivée. C'était complètement fou, mais pas d'autres solutions. Le conducteur du bus refusant d'aller plus loin. Nous avons passé des heures sur ces routes, au passage certaines personnes profitaient du bus pour fuir.
Mais des miracles existent parfois.Nous ne sommes pas très loin de Vulkovar c'est ce que nous fait comprendre notre chauffeur. Nous prenons une route au pif, il ne faut jamais s'éloigner des routes à cause des mines, après une heure de marche nous nous retrouvons dans un village à moitié détruit par les bombardements. La nuit est tombée, ce qui certainement nous a sauvé. La population restante est très surprise de nous voir, ils ont beaucoup souffert. Pour nous faire comprendre nous faisons des gestes. Le miracle c'est un instituteur de Zagreb, il a une voiture et de l'essence, mais nous ne pourrons pas partir.Trop dangereux il ne veut pas prendre le risque. Il faut attendre la nuit encore dans une cave, nous la passerons sous les bombardements, les tirs, la faim, et la peur au ventre.
Vulkovar fut une ville martyre. Cette ville à était complètement détruite. A la veille de la chute de cette ville plusieurs centaines de personnes ont cherché refuge dans l'hôpital espèrant être évacuées en présence d'observateurs internatinaux. Des bus sont arrivés avec les forces Serbes, ces personnes ont été tuées et enterrées dans des fosses communes.
Pour nous, entre deux bombardements nous décidons de partir vers cet hôpital, et nous devons notre survie à Médecins sans Frontières, et la croix rouge, grâce à un couloir neutre et un cessez le feu ponctuel, nous avons pu rejoindre Zagreb, puis la France.
Après la chute de la ville la guerre se poursuivit la communauté internationale n'ayant rien fait.
Aujourd'hui Zelma est toujours infirmière à Zadar, l'hôpital a été reconstruit, ses parents sont vivants, seul son fiancé a disparu. Elle s'est pourtant reconstruite, vit avec un homme charmant et à deux petites filles. J'ai promis à Zelma d'aller la voir un jour, de revoir ce pays sans la guerre.